01 avril 2014

KAMASUTRACK .05 - Herr Styler


Nous allons désormais pénétrer dans une allée sombre, creusée par les centaures en cavale et autres créatures mystiques cherchant à se déplacer entre monticules de racines et pierres.
C'est au bout de cette route imparfaite que nous ferons une impressionnante rencontre qui s'avérera mémorable par la suite.
Après avoir perdu mon coéquipier dans un terrier de lapin (oui, j'ai un très petit équipier) je me fraie difficilement un passage dans ce qui ressemble à première vue à une grotte lugubre et couverte de mousse.
Bien élevé, j'appuie sur la sonnette.
Pas de réponse.
Pas de sonnette non plus en fait.
J'entre donc sans violer la couverture verte et mousseuse des parois.
C'est alors que je tombe sur deux bougies, maintenues allumées par je ne sais quel procédé magique, qui éclairent un parchemin laissé non loin.
Y est inscrit : "Happiness was a light sleeper".
A peine prononcé ces mots dans un accent que je t'épargne, qu'un bruit survient dans mon dos.
***

C'est mon nain de coéquipier qui a finalement retrouvé la sortie de son terrier...
Il m'accompagne donc dans cette quête inquiétante et nous nous enfonçons tous deux dans la grotte.
Les bougies nous suivent, puis s'éteignent, puis se rallument, face à nous.
(C'est à ce moment de la chronique que je me demande si j'ai bien fait d'emprunter ce chemin glissant derrière l'aire d'autoroute, ou s'il ne faudrait mieux pas que j'arrête de matter des films chelous.)
La lumière des bougies s'intensifie, nous aveuglant.
C'est alors qu'apparaissent deux silhouettes capuchées.



Ils se présentent : Gennarro et Fabrizio.
(Merde on a atterri en Italie.)
Ils sont musiciens, sous le pseudonyme Herr Styler.
(Des italiens en Allemagne ? Même pas.)

Nous sommes en fait en France, sur le tournage de leur nouveau clip que je viens d'interrompre bêtement alors que je m'étais juste perdu. Le réal, Edouard Plongeon, exaspéré par mon attitude intrusive me demande gentiment de quitter les lieux.
Me vint alors la génialissime idée de leur poser quelques questions originales (en même temps on est dans une grotte), histoire de ne pas être venu pour rien dans ce trou.



1.Quelle track vous donne le vertige ?

2.Quelle track pour traverser le grand canyon en deltaplane ?

3.Quelle track pour faire une course d'airboat dans les Everglades ?

4.Quel album pour accompagner un tour du monde en 80 jours en mongolfière ?

5.Quelle track pour soutenir l'Italie aux JO de Sotchi?

6.Quelle track pour un faire un golf sur la lune?

7. Si vous deviez représenter votre musique en une oeuvre d'art, quelle serait-elle ?
F: un film, 'La banda degli onesti', realisé par Camillo Mastrocinque, avec Toto', comedien-reference de la comedie napolitaine.
G: moi aussi un film: "Le dernier nabab" de Elia Kazan, avec un très jeune Jack Nicholson.

8.Si les murs avaient des oreilles, tu leur ferait écouter quoi ?

9.Quelle track pour le générique d'un nouveau Tarantino?

10.Quelle track pour tester ton nouveau sound system?
G: P. I. Tchaikovsky - 1812 Ouverture (Avec des vrais cannons)

Bonus : Quelle track pour se perdre dans les bois un beau dimanche ensoleillé?

Après écoute de ces titres, je me fais une idée très précise sur la personnalité des deux compères et sur la façon dont ils composent leur musique.
Le premier, Fabrizio, est un amoureux de l'atmosphère des musiques de film à l'ancienne, du vrai classique, comme on n'en fait plus. Ce n'est pas du son à écouter sur Youtube. C'est une musique qu'il faut vivre. On retrouve sa touche dans la musique d'Herr Styler pour tout ce qui est du registre de l'émotionnel et du vivant. Une ode organique à la musique.
Ensuite, Genarro apporte la touche plus pétillante, plus pop à la musique. Ce qui fait que l'on danse en rythme. Il reste cependant en osmose avec son binôme car il est aussi très classique et mystérieux.

L'occasion pour vous d'écouter leur EP "Happiness Was A Light Sleeper" aux saveurs surréalistes et miraculeusement entêtantes..

Extrait : 





Cette psychanalyse musicale n'est pas anodine, ces questions loufoques que nous posons aux musiciens sont créées afin de faire ressortir leur sentiments et leur vrai ressenti. On se rend compte que la personnalité influe beaucoup sur le rendu de la musique que l'on crée et c'est pourquoi nous choisissons de laisser la parole via la musique, plutôt que des questions banales pour au final obtenir une biographie copiée collée.
Cette petite mise au point me semblait nécessaire afin que les lecteurs puissent bien comprendre notre démarche et ainsi leur proposer une expérience différente. C'est la base de notre combat.
La musique dans la vie est une chose, apporter de la vie à la musique en est une autre.

A LIFE IN A TRACK.


 

ALIAT